Edito...
 

Pour que nous persévérions...



D epuis 1994, le Centre a toujours formé des éducateurs bénévoles sur le tas. Or, dans la pauvreté, le bénévolat survit difficilement. Après 6 mois, sur 25 personnes formées, il n'en restait plus que dix, et ainsi de suite. Dès lors, tout était à refaire. " On travaillait, mais on ne voyait pas les résultats, faute d'un suivi de la part des éducateurs bénévoles. "
Or, une association luxembourgeoise a bien voulu accepter de former et rétribuer 15 personnes durant 5 ans. Voilà un programme d’envergure que nous avons pu lancer il y a un eu plus d’un an. Cela va considérablement nous aider pour le travail de terrain ; ce sont des camerounais non malades et de toute tendance religieuse. Nous collaborons aussi avec des personnes affectées et infectées par le VIH/sida, surtout lors des programmes de sensibilisation et des visites à domicile ; rien ne vaut les témoignages pour convaincre...
Les quartiers sont organisés en antennes et les éducateurs formés sur le tas les connaissent parfaitement bien. A ce titre, ils détectent plus facilement les problèmes de ces microcosmes et trouvent toujours des bonnes volontés qui peuvent y travailler après eux. Entre autres tâches, 22 pairs éducateurs formés mènent une sensibilisation de proximité. Chacun d'eux dirige 87 causeries éducatives programmées, soit 1914 causeries, et 75 à la demande de la population ; 1989 causeries ont été réalisées au total pour 2001 dans les quartiers, touchant en moyenne 20 personnes d'un coup. Cela favorise la mise en confiance des gens qui viennent ensuite me parler. Certains d'entre eux avouent avoir les symptômes décrits dans nos explications. Auparavant, ils se taisaient par peur. Aujourd'hui, nous sommes sollicités par des groupes ou des familles qui souhaitent participer à ces causeries. D'autres personnes viennent d'elles-mêmes nous trouver. Dans son ensemble, ce système nous permet de déceler de nombreux malades et d'agir en conséquence ; c'est un grand pas en avant." 

Mais il reste beaucoup à faire contre un certain " obscurantisme " même dans des couches sociales où on ne l’attend pas.
" Si nous sommes encouragés pour notre travail, c'est déjà beaucoup, car nombreuses sont les personnes qui ne savent même pas ce que nous accomplissons au Centre ou sur le terrain. Il n'y a pas si longtemps, j'ai rencontré un de mes professeurs du lycée, un intellectuel proche de la retraite qui m'a tenu ce discours : - Nous sommes en 2002, ma Sœur ! ; votre histoire, là… le sida, ça existe vraiment ? - Lui, il enseigne aux enfants et il n'a même pas connaissance de ce problème d'envergure !
Alors oui, pour persévérer, nous avons besoin de soutien moral et d'encouragements dans notre entreprise contre ce fléau . Bien entendu, le soutien matériel compte beaucoup, il est même essentiel. Nous aimerions surtout être assurés d'un futur concernant les personnes formées. Que se passerait-il si elles venaient à nous quitter ? Quel serait l'avenir de notre association ?

Pérenniser notre action. Oui, mais est-ce possible si les grandes instances n’en restent qu’aux mots et promesses.

M.Th. B. M...