U
n séminariste spiritain s'exprime à propos de son pays,
de l'Afrique et des
événements du monde, en fin d'année 2001.
Il pousse des cris à entendre et termine
sur une note d'espérance.
"Je suis dans la communauté spiritaine de Ngoya.
(Cameroun) Nous partageons le silence et la symphonie des
oiseaux avec les habitants du village de Ngoya qui se situe
à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé.
Je poursuis mon expérience théologique à
l'Ecole théologique Saint-Cyprien de Ngoya, en
3éme année de théologie.
Qu'est-ce
qui m'a marqué en cette année 200l?
Après quatre années, j'ai eu des vacances. Je
suis allé toucher du doigt la réalité
socio-politique et économique du Congo-Brazzaville.
Ceux qui prennent l'avion pour arriver à Brazzaville ou
à Pointe-Noire diront que le Congo est en
construction, et la paix revenue. Mais nous qui avons
emprunté les trains, les camions pour arriver au
Congo profond, nous dirons que le Congo est malade, la paix est
à rechercher. Le Congo est malade des hommes en tenue
qui dépouillent les voyageurs dans le train, malade de
l'insécurité, malade de manque de
médicaments, malade des maladies; les salaires des
fonctionnaires sont irréguliers. Les
conséquences de ces maladies sont nombreuses :
prostitution, ivrognerie, le sida s'installe.
C'est la
désolation!
Je reste marqué par l'Afrique
en général, et l'Afrique Centrale en particulier.
L'Afrique Centrale se plaint du train de vie de ses
têtes couronnées, ces hommes politiques qui veulent
à tout prix gagner au détriment de la
population. Elle se plaint de pénurie de carburant. Vivez
au Congo, en
Centrafrique, au Tchad,
pour savoir ce que veut dire pénurie ! Elle se plaint de
coupures d'électricité. Elle se plaint du
manque de travail, du coût des médicaments, de la
pollution, de l'insécurité, de l'absence de bancs
dans les écoles, des programmes scolaires
inadaptés. Elle se plaint de l'instauration de
présidences à vie. Elle se plaint du Sida qui
est en train de tuer tous les jours.
Pour
l'humanité entière, je reste marqué par les
événements du 11 septembre. Pour les historiens
qui ont la plume généreuse,
ils diront que le III
e millénaire a
commencé à cette date où la première
puissance du monde a été humiliée par
un inconnu, bien que
Ben Laden ne le soit pas. Un proverbe Badondo
dira que :
"Le crabe a été
tué par ses propres pinces ". Du jamais vu au
monde mais c'est arrivé. C'est peut-être
l'heure d'équilibrer les richesses entre le Nord et le
Sud, c'est l'heure d'apporter la paix en Palestine, c'est
l'heure de lutter contre la pauvreté...
A nous qui
témoignons et proclamons la parole de Dieu, l'heure est
arrivée de parler. Que l'Eglise soit prête
à ouvrir les yeux des chrétiens qui ne voient pas
la direction que la planète terre a prise. Il y a plus
de non-voyants que de voyants au monde. Méditons
MT 9,27-31. L'écoute, l'accueil, la mise en pratique de la
parole feront que le troisième millénaire soit
l'ère de la paix, de la prospérité, de la
longévité et de l'égalité. La
sonnette d'alarme a sonné pour avancer en eau
profonde.
A vous qui croyez à la paix, à la
justice, à l'espérance, à la
solidarité, que l'année 2002 vous soit
favorable."
6 décembre 2001
Pierre Madiela, Cssp
Séminariste à Ngoya
Photo de couverture : deux enfants de Yaoundé proches de la responsable des Centres d'accueil de l'Espoir.
(Ph. LM Frioux , reprise par la Revue pour la Une de son dossier : N'oublions pas les Africains
- Légende de la revue : "les deux enfants noirs de l'espérance")