AGIR face aux ravages du sida
Au Cameroun : Les Centres d'Accueil de l'Espoir



C e sont 40 millions de malades qu’il faudra compter en l’an 2000, presque tous de pays démunis. Et combien d'orphelins? 10 millions ? Pour nous au fur et à mesure de nos visites dans les quartiers, ce sont des visages, entourés de ceux qui partagent l’angoisse de ceux qu’ils aiment. Un nouveau-né est proche du visage de sa mère; regardez le visage de la mère. Ici dans cette venelle entre les planches ou les pisés ajourés, de temps à autre, les joues creusées et enlaidies nous disent la maladie. Les regards nous poursuivent, nous interrogent.
Peut-on se résoudre à passer, simplement, sous prétexte qu’on ne peut pas prendre en charge toute la misère -selon une répartie bien connue- , qu'on n'est pas venu explicitement pour cela, qu'il y a des spécialistes, des organismes spécialisés…. Et puis ils sont insolvables! Où nous conduiront-ils? N'y a-t-il pas mieux à faire, des structures à renforcer? Des paroisses à conscientiser? Sur quelle terre tombe l'éducation en la matière? Pouvons-nous apporter une espérance de salut à ces …condamnés? Des théories d’associations par ailleurs largement reconnues dans nos pays peuvent faire penser qu'il faut concentrer les efforts d’abord en un même endroit. Face aux joues squelettiques de jeunes mamans, aux vêtements déchirés de trop jeunes enfants revenant de recueillir quelques sous, face à tant d’amis en attente mortelle, nous crions qu’il y a mieux que le scepticisme, le défaitisme, la casuistique. Il y a la brèche à ouvrir, il y a la goutte d’eau qui est quand même l’eau dans la bouche desséchée, il y a l’attaque au jour le jour de justifications meurtrières.

Pourquoi soigner des ...condamnés ?

On ne pourra les soigner tous, c'est vrai! Et que vaut le petit cachet de ceci, de cela pour un mal de tête, un malaise avant-coureur, une mort programmée? Va-t-on abandonner sous prétexte qu’on ne peut tout soigner? " Si tous les gars du monde " voulaient bien se donner la main... le monde deviendrait solidarité pourvu qu'on ne retienne pas la main dans son élan.
photo-montage-titre d'un article paru sans la revue Pentecote sur le Monde A des groupes spontanés nous avons voulu donner forme, consistance, durabilité. Il y avait là une bonne idée. Il fallait lui donner corps. Aux sceptiques qui disent." Qu'est ce que vous en savez! Cette initiative va-t-elle durer?"- "Mettons le holà à ces initiatives de tel ou tel religieux ou religieuse alors que tant de choses existent sur le plan de la santé. Nous avons des bureaux, des plans pour cela." -"Laissons ces gens-là laver leur linge sale en famille!"(sic) Nous répondons "Même si nous ne serons pas là pour les pauvres dans cinquante ans, nous ne pouvons en prendre prétexte pour nous détourner de nos frères malades aujourd'hui."
Ainsi est née une association avec pour vocation d’éduquer, d’assurer la prise en charge psychosociale des personnes touchées par le VIH et leurs proches, adultes et enfants. Elle recueille, encadre et mène à une bonne insertion les enfants qui restent, selon les moyens qui lui sont donnés.
Les activités des Centres de l'Espoir sont basées sur les entretiens éducatifs dans quartiers et villages (prévention, information); le "counseling" ( soutien psychologique, spirituel et médical, matériel et social, des malades et de leur famille) ; l’encadrement des orphelins et des enfants abandonnés ; la réalisation de micro-projets pour la génération de revenus pour les personnes encadrées
Des réalisations marquantes ont permis à l’association de prendre du poids auprès de maintes " autorités "
Des stages de formation (continue) à nos objectifs sont organisés régulièrement. Parfois en province. A Mbalmayo en décembre 1997 ce sont adjoints à nos éducateurs, des personnels de santé et d’Eglise (employés de dispensaires, prêtres et séminaristes). La visite de Mgr Ndzana, évêque du diocèse, a donné une autre dimension à nos activités. Au niveau du diocèse, ce stage a débouché sur une demande de la création d’une antenne de notre association à Mbalmayo par le bureau diocésain de la santé.. Certains dans l'Eglise locale apprécient notre démarche.
A différentes manifestations nationales pour la solidarité et la santé, nos équipes présentent par un stand leurs activités. Ministres, représentants et experts du PNUD et de l’OMS nous connaissent et savent recourir à nous. Nous ne voulons pas être coupés de la Lutte Nationale
Trois de nos responsables ont pu assister à l'une des conférences mondiales sur le SIDA à Abidjan.. "Chrétiens et Sida", en France, connaît nos responsables. Ainsi nous commençons à être reconnus au niveau international.
Pour ne pas être sans fin assistés, nous étendons nos micro-réalisations à but ergothérapique et aussi pour survivre, tout simplement: cultures agricoles ( manioc , palmeraie,), service aux entreprises privées ou/et d'Etat (stockage et livraison de matériaux de construction, réalisation de travaux en bâtiments et en intérieur), aux particuliers : (ciment, gaz domestique par des conteneurs loués dans les quartiers, et un plus grand entrepôt en banlieue).
Nos éducateurs mènent régulièrement des activités de prévention et de soutien dans les quartiers et les campagnes. Un système d'antenne de quartier a été créé. Elles ont à coeur de créer elles-mêmes leurs outils de travail au fur et à mesure de leur expérience sur le terrain.. Ainsi, des jeux de diapositives éducatifs, des cassettes vidéo, des albums-photos , des boites à images (en réalité grands classeurs) ont pu être réalisés,
Nos antennes dans les quartiers se développent de façon encourageante. Ces antennes, composées d’hommes et femmes, de couples, ont pour rôle dans leur quartier, d'informer par des réunions régulières, de répertorier et d’aider les enfants de familles pauvres ou courant le risque d’abandon. Le ministère dévoué de ces gens allant au fond des quartiers par des petites ruelles malaisées, là où aucune de ces puissantes voitures offertes à d’autres par des organismes spécialisés n’arrivent jamais, mérite reconnaissance et aide.. Ce travail se fait en collaboration avec les mouvements paroissiaux et le plus souvent sur appel des curés de paroisse.
Actuellement près de 160 enfants (dont 97 en familles d’accueil) et deux cents familles sont pris en charge..

Plus de 12000 personnes touchées par nos séances d’information

Plus de 12000 personnes ont été atteintes par des séances d’information ou d’aide.
Pour les adultes, nous envisageons la mise en place d’un centre de santé: dispensaire, et centre d’observation, de perfusions et de soins de jour avec un studio pour création de videos éducatives.
Pour les enfants devant être plus entourés un temps avant de trouver la famille d'accueil appropriée, et pour n’avoir pas à créer et entretenir de grandes structures, nous souhaitons nous diriger vers un réseau de petites unités proches de la dimension familiale, d’où l’appellation: "Les Centres de l’Espoir."
Dans le but d’intéresser davantage de gens au travail de cette association camerounaise dynamique animée sur place par une équipe dévouée et inventive, ayant su se laisser diriger par du personnel compétent en gestion , santé et éducation, nous avons cru bon, avec des amis, de lancer dans la région parisienne une association (1901): CASENAC (Comité d’Aide et de Soutien aux Enfants Nécessiteux en Afrique Centrale), et pour aller encore plus loin, un site INTERNET : http://www.casenac.org, ... sans prétention, juste pour dire qu'il existe quelque chose quand d'autres répandent qu'il n'y a rien de valable.Un réseau fantastique d’information moderne se trouve là: réseau à humaniser, réseau qui n’a pas que des défauts, car il peut devenir un énorme Centre de l’Espoir, une gigantesque toile de solidarité...!
Donner de l'Espoir, n'est-ce pas une leçon que certains d'entre nous ont apprise de celui qui s'approchait des malades, et voulait guérir d'autres exclus: les lépreux... :"Allez, apprenez-leur tout ce que vous avez appris de moi."
LM Frioux
fondateur de C.AS.E.N.A.C.
membre du C. A. des Centres de l'Espoir


(1) Cet article est repris de l'original donné pour la revue missionnaire "Pentecôte sur le Monde", on le retrouve aussi archivé au cœur du dossier :"Refuser l'intolérable"
dans la section justice et paix du site internet des Missionnaire spiritains en france à :www.spiritains.org
dans la presse...   Page 1